Cahier spécial Covid-19

COMMENT L’INSEE S’EST ADAPTÉ : L’ESSENTIEL

2 208

En 2020, 2 208 tweets ont été publiés sur le compte @InseeFr. Ils ont été vus 12 millions de fois et ont suscité 420 000 interactions (comme un like, un retweet ou un commentaire).
Le compte Twitter de l’Insee a gagné 9 200 abonnés en un an pour atteindre un total de 78 200 à la fin de l’année.

57 200

C’est le nombre de pages vues pour les deux billets du blog de l’Insee publiés au printemps 2020 traitant des enjeux méthodologiques de la mesure de la mortalité.

Sur l’année, le blog a totalisé plus de 150 000 visiteurs uniques et 360 000 pages vues.

12

Pour rendre compte de l’impact de la crise sanitaire sur l’économie française, l’Insee a substitué aux Notes de conjoncture trimestrielles douze 
Points de conjoncture proposant des estimations en temps réel de la chute du produit intérieur brut et de la consommation des ménages.

50 000

Comme le nombre de sociétés interrogées dans l’enquête Impact de la crise sanitaire sur l’organisation et l’activité des entreprises. Cette enquête a été menée en un temps record, 8 mois s’étant écoulés entre la décision de la lancer et la publication de ses premiers résultats.

4 000

C’est le nombre d’ordinateurs nomades mis à disposition des agents dès le 16 mars 2020 pour permettre le télétravail.
Dimensionné au début de l’année pour 1 500 utilisateurs simultanés, le réseau informatique a su s’adapter en quelques semaines pour couvrir tous les agents à partir du mois de juin.

40 %

C’est la part du panier de biens de l’indice des prix à la consommation (IPC) dont la collecte des prix est devenue impossible du jour au lendemain lors du premier confinement. Pour remplacer l’accès aux magasins, une collecte de secours par internet et par téléphone a été mise en place en une semaine.
En complément, le recours été mise en place en une semaine.
En complément, le recours aux données de caisses des grandes surfaces a été intensifié.

96 200

Comme le nombre de tests sérologiques intégrés à l’enquête Epidémiologie et conditions de vie (EpiCov) mise en place par le service statistique du ministère de la Santé (la Drees) et l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), en collaboration avec Santé Publique France et l’Insee. EpiCov a éclairé la dynamique de propagation de l’épidémie et son impact sur les conditions de vie.

Témoignage

Jean-Luc TAVERNIER

Directeur général de l’Insee

Jean Luc Tavernier

« La statistique publique a su se mobiliser et s’adapter »

D’un point de vue organisationnel, l’Insee et ses agents se sont adaptés au contexte mouvant de 2020. Qu’est-ce qui vous a le plus impressionné durant cette période ?

Notre agilité collective et notre mobilisation dès les premiers jours de la crise sanitaire. J’ai même été surpris par la vitesse à laquelle nous avons mis en place le télétravail. En quelques jours, une très grande majorité des agents a été équipée en ordinateurs portables reliés au réseau et, après une phase d’ajustement bien normale, nous avons pu assurer la quasi-totalité de nos publications.

L’essentiel de la note de conjoncture « L’économie diminuée » 6 octobre 2020

Témoignage

Julien POUGET

Chef du département de la conjoncture

julien pouget

« Crise sanitaire et statistiques : qu’en pensent nos experts ?

Concrètement, qu’est-ce que le nowcasting ?

Depuis mars 2020, la situation sanitaire est le principal déterminant de la conjoncture économique. En particulier, la consommation des ménages fluctue au rythme des mesures de restrictions. Or, l’évolution de l’épidémie déjoue elle-même beaucoup de pronostics !

Comment l’Insee a documenté les conséquences de la crise sanitaire

Un appui technique à deux enquêtes de la statistique publique

Avec l’aide de l’Insee, la Dares, le service statistique du ministère en charge du travail, a adapté l’enquête qu’elle mène chaque trimestre auprès des entreprises, cemo (Activité et conditions d’emploi de la main-d’oeuvre) menée auprès des entreprises. Acemo-Covid est une enquête courte (une vingtaine de questions) qui a notamment permis de produire des données sur le recours au télétravail et au chômage partiel et, plus généralement, d’apprécier la façon dont les entreprises ont adapté leur force de travail du fait de la crise de la Covid-19.

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D’avril à décembre, 38 000 établissements ont été interrogés chaque mois sur trois thèmes : l’évolution des effectifs et de l’activité, l’évolution des conditions d’emploi et les mesures de prévention mises en place.

De son côté, la Drees, le service statistique du ministère de la Santé, a créé l’enquête Épidémiologie et conditions de vie (EpiCov). Cette enquête a été pilotée avec l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), et en collaboration avec Santé Publique France et l’Insee. EpiCov a un double objectif : estimer la dynamique de l’épidémie à un niveau national et départemental et étudier l’effet du confinement et de l’épidémie sur les conditions de vie des ménages. Dans le cadre de cette enquête, des tests sérologiques ont été réalisés par 12 400 personnes à l’aide d’un kit d’autoprélèvement sanguin lors de la première vague (mai 2020) et par 83 800 personnes lors de la seconde (octobre 2020). Ils ont permis d’estimer la proportion de personnes ayant été en contact avec le virus ainsi que de connaître leurs profils sociodémographiques.

Une enquête exceptionnelle auprès des entreprises

Pour rendre compte de l’impact de la crise sanitaire sur l’organisation et l’activité des entreprises, l’Insee a créé une enquête ad hoc dont le questionnaire a été adressé à 50 000 sociétés. Parmi les attendus : connaître les [résultats] et conditions d’exercice de l’activité au cours du premier confinement ; mais également la durée de fermeture, les difficultés d’approvisionnement, l’évolution des débouchés ainsi que l’adaptation de l’offre et des partenariats des sociétés. Le questionnaire a été administré à l’automne, les premiers résultats de cette enquête ont été publiés dès décembre 2020.

Des enquêtes existantes enrichies

L’Insee a ajouté des questions spécifiques dans l’enquête mensuelle de conjoncture auprès des ménages (CAMME). Conduite par téléphone auprès de 2 000 personnes, elle vise à mesurer l’opinion des ménages sur leur environnement économique, leur situation financière personnelle et leurs intentions en matière d’épargne et de consommation. Le but de cet ajout était d’apprécier les effets du confinement sur la vie des ménages. Une première exploitation de ces données a été menée dès le mois de juin. L’institut a également exploité les réponses ouvertes des entreprises dans les enquêtes de conjoncture pour prendre la mesure, par une analyse textuelle, de l’inquiétude générale suscitée par l’épidémie.

L’analyse des mouvements de population

Avant l’entrée en vigueur du premier confinement, beaucoup de résidents des grandes métropoles les ont quittées. Les autorités publiques ont alors exprimé le besoin de disposer d’une information chiffrée sur ces mouvements de population. Dans le respect du règlement européen de protection en matière de données personnelles (RGPD), l’Insee a exploité les données de géolocalisation fournie par un opérateur de téléphonie mobile. Dès le 8 avril, une première étude a permis de visualiser les départements dont la population avait diminué ou au contraire s’était accrue à la suite des migrations ayant précédé le début du confinement. Ce sont ainsi environ 10 % des Parisiens (hors étudiants) qui ont quitté leur domicile pour se « relocaliser », le plus souvent à la campagne.

Témoignage

Sylvie LE MINEZ

Cheffe de l’unité « Études démographiques et sociales »

Sylvie Le Minez

« En 2020, le nombre de décès en France a augmenté de 9 % par rapport à 2019 »

Comment l’Insee a-t-il rendu compte de l’évolution de la mortalité ?

Chaque vendredi depuis le 27 mars 2020, l’Insee publie le nombre de décès totaux, toutes causes confondues. Il s’agit des décès constatés jusqu’à 7 jours auparavant pour les communes qui transmettent leurs données de façon dématérialisée, 11 jours auparavant pour l’ensemble des communes.

drapeaux

Éclairer les effets de la crise sanitaire dans les régions

En période de crise, une expertise au service des décideurs publics
L’ensemble des directions régionales (DR) de l’Insee ont été régulièrement sollicitées pour éclairer les développements et les conséquences de la crise sanitaire. Agences régionales de santé (voir ci-contre), préfectures, conseils régionaux et départementaux, etc. : ces demandes ont été formulées par de nombreux acteurs publics des territoires.

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C’est ainsi que, la DR de Corse a réalisé des présentations en préfecture sur plusieurs thématiques dont les conséquences économiques de la crise, son impact sur le tourisme et les conditions de vie en confinement. La DR La Réunion-Mayotte a été auditionnée par la délégation sénatoriale aux outre-mer à propos des conséquences socio-économiques de la Covid-19, cette thématique faisant également l’objet de présentations aux partenaires sociaux et aux services de l’État à la demande du Préfet de l’île. En Île-de-France, la DR a réalisé, en partenariat avec la Banque de France, une étude régionale sur l’impact économique de la première vague de l’épidémie en mobilisant des données à haute fréquence comme celles portant sur les transactions bancaires. Les résultats de cette étude ont été présentés en octobre 2020 lors d’un webinaire réunissant plus de 200 participants, notamment des élus et des chefs d’entreprises.

Les directions régionales unissent leurs forces
Dans leur effort pour documenter la crise de la Covid-19 et ses multiples conséquences, les DR ont rapidement uni leurs forces. Elles ont en effet constitué des groupes de travail présidés par une directrice ou un directeur régional et coordonnés par le département de l’action régionale, visant à la fois à mutualiser les investissements et partager les données et analyses établies sur différents thèmes. L’ensemble des services « études et diffusion » des DR ont été mobilisés. Les DR ont ensuite pu s’emparer des données et analyses des groupes de travail pour mettre en place une diffusion adaptée aux besoins de leurs partenaires locaux. Le premier groupe de travail mis en place a porté sur les statistiques de décès. Ont suivi trois autres groupes traitant respectivement des conditions de vie liées au confinement, de l’impact économique de la crise sanitaire et de la reprise de l’activité. Pendant l’été, un cinquième groupe de travail s’est emparé du sujet de l’impact de la crise sanitaire sur le tourisme (voir ci-contre). À la suite de premiers échanges avec des organisations caritatives, un sixième groupe de travail a été constitué sur le thème de l’impact de l’épidémie sur les revenus et la pauvreté.

Une communication régionale adaptée aux impératifs de la crise
La demande sociale, institutionnelle et médiatique d’un éclairage sur l’évolution et les conséquences de l’épidémie était forte. Pour y répondre, les DR ont adapté la diffusion de leurs données et la communication à propos de celles-ci. Dès le premier confinement, la plupart d’entre elles ont d’abord modifié leurs agendas de publication pour rendre compte du ralentissement économique engendré par la crise sanitaire et les restrictions corollaires. Leurs analyses ont pris la forme de notes ou de points de conjoncture, de tableaux de bord ou de Flash. Elles ont également mis en place des dispositifs de communication réactifs, la DR Normandie faisant par exemple le choix de produire un communiqué de presse hebdomadaire sur l’évolution des décès et un tableau de bord bimestriel de l’activité économique régionale. Enfin, Twitter a constitué un canal de communication très utilisé durant la crise, deux comptes régionaux ayant été créés en 2020 (voir la rubrique « Diffuser et communiquer sur ses statistiques et ses études »).

Le choc sur le tourisme analysé par les directions régionales
Le secteur du tourisme a été fortement affecté par la crise sanitaire, l’hôtellerie-restauration en particulier. En effet, en sus des deux confinements, ce secteur a pâti des mesures de fermetures administratives et de diverses restrictions d’accès arrêtées en lien avec le contexte sanitaire. Le pôle de services de l’action régionale « Études économiques régionales », rattaché à la DR Occitanie, a exploité des chiffres d’affaires issus des déclarations de TVA pour suivre l’évolution mensuelle de l’activité des hôtels, restaurants et campings, par région et par département. Un groupe de travail ad hoc (voir ci-contre) a mutualisé et coordonné le travail des directions régionales sur ce thème et permis la publication d’une série d’études à partir de l’automne. Celles-ci permettent d’apprécier l’ampleur des chocs subis par le secteur du tourisme en fonction des territoires et des périodes de l’année. Elles montrent, entre autres, que la Bretagne présente un bilan de saison touristique plus favorable qu’au niveau national. La situation est plus dégradée dans les régions qui dépendent davantage de la fréquentation des touristes étrangers. C’est le cas surtout de l’Île-de-France : dans cette région, de juillet à septembre 2020, le nombre de nuitées dans les hôtels a baissé de près de 70 % par rapport à la même période en 2019 (contre – 34 % en France).

Témoignage

Yves CALDERINI

Directeur régional Insee Grand-Est

Yves Calderini

« L’Insee Grand Est, exemple de mobilisation d’une direction régionale de l’Insee, Yves Calderini, Directeur régional Insee Grand-Est »

Quel rôle la direction régionale Grand Est de l’Insee a-t-elle endossé pendant la crise sanitaire ?

Très rapidement, les travaux du service « études et diffusion » ont été réorientés pour publier sur la crise en cours. À partir de l’automne, nous avons également cherché à nouer des partenariats afin de mobiliser de nouvelles sources, nous rapprochant même d’acteurs associatifs comme les banques alimentaires.

Mobiliser les données du service statistique public pour éclairer le débat sur la crise sanitaire

Un boom des naissances s’est produit sous l’effet du premier confinement

FAUX : neuf mois après le début de la pandémie de Covid-19, les naissances ont au contraire fortement baissé en France.
En décembre 2020, il y a eu 7 % de nouveau-nés en moins qu’en décembre 2019. La baisse s’est poursuivie de façon bien plus prononcée en janvier 2021, avec 13 % de naissances de moins qu’en janvier 2020. Il faut en effet remonter à la fin du baby-boom en 1975 pour observer une diminution d’une telle ampleur.

Le premier confinement a diminué l’empreinte carbone de la consommation des ménages

VRAI : par rapport à 2019, l’empreinte carbone de la consommation des ménages aurait reculé de 36 % en avril 2020 et de 19 % en mai. Dans le détail, les émissions directes liées au logement seraient restées globalement stables en 2020 alors que, sous l’effet des restrictions de déplacement, les émissions directes liées au transport se sont fortement repliées (-52 % en avril 2020, -25 % en mai).

Le travail à domicile s’est généralisé à l’ensemble des catégories de travailleurs

FAUX : pendant le premier confinement, 47 % des personnes qui avaient travaillé au moins une heure dans la semaine ont déclaré avoir travaillé à leur domicile au cours des quatre semaines précédentes. Mais cette part a fortement varié selon les catégories socioprofessionnelles : 81 % des cadres ont eu recours au travail à domicile contre seulement 18 % des employés non-qualifiés et 4 % des ouvriers.

Les personnes en couple se sont davantage disputées pendant le premier confinement

VRAI : en mai 2020, 13 % des personnes en couple ont déclaré se disputer plus fréquemment que d’habitude au sujet de la vie quotidienne, des enfants ou de la vie professionnelle, un constat un peu plus fréquent chez les femmes que chez les hommes (14 % contre 12 %). C’était le cas de 19 % des personnes en couple vivant dans un logement surpeuplé et 18 % de celles ayant trois enfants ou plus.

Un mouvement massif de relocalisation de l’activité économique a eu lieu en 2020

FAUX : moins de 1 % des sociétés avaient décidé d’un changement de localisation à l’automne 2020. Les secteurs les plus concernés étaient l’industrie textile et d’habillement (près de 4 %), l’industrie pharmaceutique (2 %) et l’information- communication (2 %). Pour ces sociétés, très peu nombreuses, les changements de localisation s’étaient d’abord effectués à l’intérieur du territoire national.

Au printemps 2020, les pertes d’emploi ont d’abord touché les plus précaires

VRAI : 715 000 emplois ont été détruits au premier trimestre 2020, un quart des emplois intérimaires d’avant la crise sanitaire restant manquants à la fin de la période. Les jeunes, qui occupent plus fréquemment des emplois temporaires, ont été particulièrement affectés : 9 % des 15-24 ans en emploi avant le confinement ont perdu leur emploi contre moins de 2 % des 40-65 ans.

POUR EN SAVOIR PLUS

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