Contribuer à la construction de la statistique européenne et internationale

L’Insee et les services statistiques ministériels constituent le service statistique public (SSP). Au niveau européen, l’Insee représente le SSP et fait valoir ses positions lorsque s’élaborent les règlements qui fixent les modalités de production des statistiques européennes. Il collabore plus largement avec ses homologues au sein du système statistique européen coordonné par Eurostat et coopère avec des organismes internationaux (OCDE, ONU, etc.). Enfin, l’institut est engagé de longue date dans une démarche de coopération et d’assistance auprès d’instituts statistiques nationaux en demande d’expertise technique.

Témoignage

Sylvie LAGARDE

Directrice de la méthodologie et de la statistique européenne et internationale

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« La pandémie intervenue en 2020 a confirmé la nécessité et l’intérêt pour l’Insee de se coordonner avec ses homologues européens. Dès le début de la crise, nous avons échangé avec Eurostat et entre instituts nationaux de statistique sur les réponses à apporter pour assurer la continuité de la production statistique et le suivi des impacts sanitaire, économique et social de cette crise. Une de nos préoccupations a été de rendre nos données les plus comparables possible. Nous avons par ailleurs mené des actions d’assistance technique à distance pour appuyer le travail de nos partenaires dans les pays en développement. »

drapeaux

Les instituts nationaux de statistique européens face à la crise sanitaire

En Europe, à l’instar de l’Insee, les instituts nationaux de statistique (INS) se sont adaptés pour analyser la crise sanitaire. Bien sûr, les initiatives ont été tributaires de l’ampleur du déploiement du télétravail ainsi que de l’avancement initial des innovations au sein de chaque institut.

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Les actions entreprises ont été de trois natures.

Tout d’abord, des enquêtes ad hoc ont été lancées et d’autres ont été adaptées en y introduisant de nouvelles questions comme l’a fait l’Insee. L’idée consistait à documenter l’impact de la Covid-19 sur l’économie et sur le fonctionnement des entreprises mais aussi sur les conditions de vie et les pratiques sociales des ménages. À travers son enquête mensuelle sur l’impact social de la Covid, l’INS irlandais a ainsi étudié de manière originale les changements dans les habitudes quotidiennes des ménages, leurs perceptions de la crise mais aussi leur appréciation des politiques sanitaires conduites dans ce pays. De façon plus ciblée, d’autres INS (Espagne, Italie, etc.) ont mené des enquêtes visant à analyser la propagation de l’épidémie à l’image de l’enquête Epidémiologie et Conditions de vie sous le Covid-19 (EpiCov) en France.
Ensuite, les instituts ont publié des indicateurs de façon plus fréquente et plus rapide, notamment à propos des décès pour lesquels Eurostat a ensuite entrepris de diffuser des
statistiques hebdomadaires pour la plupart des pays européens. De même, des indicateurs complémentaires pour comprendre le marché du travail pendant cette période particulière ont été publiés au niveau européen, par exemple sur les absences du travail ou sur certaines composantes du halo autour du chômage et du sous-emploi. À partir de décembre, Eurostat s’est appuyé sur les indicateurs conjoncturels habituels ainsi que sur ces nouveaux indicateurs pour diffuser un tableau de bord mensuel alimenté par les INS. Enfin, dans ce contexte très spécial, les INS ont recouru à de nouvelles sources de données pour suivre en temps réel l’impact de la crise. Les transactions par cartes bancaires, la consommation d’électricité et le trafic routier ont permis de renseigner sur l’évolution de l’activité économique.
Par ailleurs, pour rendre compte de l’évolution de la mobilité de la population en lien avec les mesures de confinement, l’exploitation des données de téléphonie mobile s’est avérée très utile : l’INS espagnol a pu ainsi mettre en évidence, sous forme de cartes interactives, les mobilités quotidiennes de personnes à des niveaux géographiques très fins, jusqu’à celui du quartier.
Eurostat a assuré une coordination méthodologique de ces actions. En concertation étroite avec les INS, il a élaboré une vingtaine de documents méthodologiques diffusés sur son site internet. Ceux-ci constituent une boîte à outils pour aider les INS à adapter leurs méthodes et continuer à produire les statistiques les plus comparables possibles.

Surmortalité en Europe : où se situe la France ?

Eurostat rassemble depuis l’année dernière les données produites par les INS européens concernant les décès hebdomadaires toutes causes confondues. Ces données permettent de comparer entre eux les pays européens touchés par la pandémie sous l’angle de la surmortalité en 2020 par rapport aux années antérieures.

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Dans la quasi-totalité des pays européens, les décès ont augmenté en 2020 par rapport à l’année précédente. Avec + 9 %, la France se situe dans une position médiane. La hausse est supérieure ou égale à 14 % dans sept pays européens dont l’Espagne,la Pologne et la Belgique. À l’inverse, la mortalité est restée proche des années précédentes dans les pays baltes et scandinaves (à l’exclusion de la Lituanie et de la Suède) et elle n’a que faiblement augmenté en Allemagne et en Slovaquie.

La première vague de l’épidémie de la Covid-19 au premier semestre n’a touché qu’un petit nombre de pays européens (Belgique, Espagne, France, Italie, etc.).

La deuxième vague de la crise sanitaire à l’automne s’est, elle, diffusée de manière beaucoup plus large. En particulier, dans les pays d’Europe de l’Est, non affectés au printemps, la surmortalité a rattrapé celle des pays les plus touchés par la première vague épidémique, voire l’a dépassée (en Pologne et en Bulgarie en particulier).

Plusieurs facteurs pourraient expliquer les différences de surmortalité entre pays européens au cours de l’année dernière, sans que l’on soit en mesure de les hiérarchiser. Outre l’impact de la période de référence (2019 ou une période plus longue), il y a des différences de structure par âge et de densité de la population en premier lieu ; mais aussi des différences relatives à la santé, à l’accès aux soins ou encore aux politiques sanitaires et de confinement mises en place dans les pays.

surmortalité en france

Témoignage

Jean-Pierre CLING

Chef du département de la coordination statistique et internationale

« À partir du mois de mars [2020], l’aggravation de la crise sanitaire a entraîné une interruption totale des déplacements internationaux qui a duré toute l’année, Jean-Pierre Cling, Chef du département de la coordination statistique et internationale. »

Quel a été l’impact de la pandémie sur l’assistance technique internationale ?

D’habitude, notre assistance s’exerce principalement par l’organisation de missions à l’étranger, d’ateliers et de séminaires ainsi que par l’accueil de délégations étrangères.

Le SSP français partage son expérience sur les statistiques de gouvernance

À l’occasion de la 51e session de la Commission statistique des Nations unies qui s’est tenue à New York (États-Unis) du 3 au 6 mars 2020, l’Insee a co-organisé avec l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et l’INS du Cap-Vert un séminaire parallèle (side event) à la séance plénière sur le thème « Confiance, sécurité et discriminations ».

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Ce séminaire portait sur les indicateurs statistiques de suivi de la gouvernance, en lien avec l’objectif de développement durable « Paix, justice et institutions efficaces » (ODD 16). La gouvernance fait référence à la qualité du fonctionnement de l’État et des institutions publiques, au respect de l’État de droit et à la participation des citoyens aux affaires publiques. Les statistiques sur la gouvernance mesurent ainsi les discriminations, l’accès à la justice et son fonctionnement, la corruption, la sécurité des citoyens, etc. Le SSP français dispose d’une longue expérience dans ce domaine, avec l’enquête Cadre de Vie et Sécurité conduite chaque année depuis 2007. À la suite de ce séminaire, les services statistiques ministériels français de la Sécurité intérieure et de la Justice sont devenus membres du groupe de Praia, groupe d’experts des Nations unies coordonné par l’INS du Cap-Vert, chargé d’élaborer des méthodologies harmonisées d’élaboration des statistiques de gouvernance.

Jean-Luc Tavernier aux 75 ans de l’INS espagnol

L’INS espagnol (INE) a organisé en novembre une visio-conférence à l’occasion de ses 75 ans qui a réuni plus de 150 participants. Jean-Luc Tavernier, directeur général de l’Insee, est intervenu dans le cadre d’un panel sur le thème « High-quality statistics for a datafied society », en compagnie des présidents des INS espagnol et portugais.

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Dans son intervention, le directeur général a présenté les Dans son intervention, le directeur général a présenté les grands arbitrages auxquels étaient confrontés les instituts de statistique tels que l’Insee. Il a notamment montré que les INS devaient arbitrer entre qualité et rapidité de production et de diffusion des statistiques dans un contexte où les multinationales du numérique diffusent des données quasiment en temps réel. Il a également analysé le dilemme entre l’objectif de comparabilité internationale des données et l’utilisation des données administratives, par nature peu comparables entre pays, ou encore celui entre la demande de messages simples de la part du public et la complexité croissante des phénomènes étudiés.

N° 114 de Statéco : un éclairage sur l’alimentation et l’agriculture en Afrique

La revue Statéco a été créée en 1972 afin de partager les réflexions et actions méthodologiques entreprises par le SSP français dans les pays de coopération. Le n° 114 de cette revue co-éditée par l’Insee, l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et Afristat a traité du suivi en Afrique du deuxième objectif de développement durable (ODD 2) de l’Organisation des Nations unies « Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable »

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Les auteurs des articles de cette nouvelle livraison de Statéco sont des statisticiens, des fonctionnaires d’organisations internationales et des chercheurs français, africains et britanniques. Ils montrent que le suivi de l’ODD 2 en Afrique est à la fois nécessaire mais difficile. Nécessaire car l’Afrique est le continent où la situation alimentaire et agricole est la plus critique au niveau mondial, la situation s’étant aggravée avec la crise sanitaire de la Covid-19. Difficile car l’Afrique est aussi le continent où les données sont les plus lacunaires, ce qui appelle un fort investissement de la statistique publique sur ce sujet. Ce numéro s’inscrit dans le cadre du projet d’appui au Suivi des objectifs de développement durable en Afrique (Sodda). Mis en œuvre entre 2017 et 2020, il est financé par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et géré par Expertise France avec l’appui scientifique et technique de l’Insee.

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